L'équipe ADC du laboratoire PARAGRAPHE invite, pour cette séance de son séminaire mensuel, Edouard Gentaz, Professeur de Psychologie du développement à l'Université de Genève.
L'équipe ADC du laboratoire PARAGRAPHE a le plaisir de vous convier ce mercredi 10 mai de 16h à 17h30 à son séminaire de recherche mensuel, qui se tiendra en présentiel (à Gennevilliers) et distanciel (via Teams), et aura pour thème :
Neurosciences à l'école : apports et limites
Plaidoyer pour les recherches interventionnelles et collaboratives
Intervenant
Edouard Gentaz
Professeur de Psychologie du développement à l'Université de Genève
Directeur de recherche au CNRS
Directeur du Laboratoire SMAS, Directeur des Archives Jean Piaget
Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Éducation (FAPSE)
Résumé de la présentation
À l’heure des régulières déclarations dans les médias de nombreux acteurs du monde de l’éducation sur l’importance décisive de prendre en compte dans la politique éducative les « véritables » données scientifiques, en particulier celles issues des neurosciences, il est important de discuter ce point de vue. Cette tendance récente n’est d’ailleurs pas l’apanage de la France et s’inscrit dans un contexte culturel international dans lequel des neuromythes jouent un rôle significatif. Parmi les plus fréquemment cités, on trouve : « le cerveau droit est créatif alors que le gauche est scientifique » ou « nous utilisons seulement 10 % de nos neurones » ou encore « le cerveau reptilien peut expliquer certaines réactions primaires comme l’agressivité, la survie », « les neurones miroirs expliquent notre cognition sociale ou certains troubles », etc. Il est important alors de discuter cette idée soutenant que les neurosciences puissent véritablement révolutionner l’école à travers une meilleure compréhension des apprentissages scolaires et de l’enseignement. Le projet même de « repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau » peut relever certes dans le meilleur des cas d’une intention noble et humaniste, mais ne peut faire l’économie de prendre en compte notre fonctionnement cognitif et notamment nos propres biais de jugement ou de raisonnement. Quatre risques principaux sont identifiés dans cette « neuroéducation » (voir par exemple Bowers, 2016) : le recours à des justifications triviales comme « la plasticité cérébrale nous montre que les humains peuvent apprendre, même à l’âge adulte », des justifications trompeuses s’appuyant notamment sur des biais de neuroenchantement (une crédulité accrue aux arguments utilisant des images de cerveau), l’application erronée à l’évaluation des pratiques et des prescriptions pédagogiques erronées et illégitimes provenant des résultats des neurosciences. Si les apports des neurosciences à la compréhension des bases neurales des apprentissages sont indéniables, je défends l’idée que leurs apports à l’enseignement sont limités, souvent mal compris ou surinterprétés (Gentaz, 2022). En effet, ces apports sont même très souvent confondus à tort avec les apports significatifs et tangibles des sciences cognitives en général ou de la psychologie scientifique en particulier. Ces « neuro-apports » à l’enseignement ne sont pas toujours justifiés scientifiquement et ils pourraient davantage procéder d’une « neuro-illusion » collective ; ils pourraient être donc aussi considérés comme un nouveau neuromythe.
Informations pratiques
Pour y assister en présentiel, rendez-vous salle B225, sur le campus de Gennevilliers, ZAC des Barbanniers, Avenue Paul Marcel, 92230 Gennevilliers.
Pour y assister à distance, rendez-vous sur Teams à 16h00 : Lien de connexion
Meeting ID: 367 070 597 577
Passcode: qTJ8nq
En cas de question ou de problème de connexion, n'hésitez pas à contacter : hippolyte.gros@cyu.fr ou monica.macedo@cyu.fr.