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le 26 septembre 2024
Culture
Vie de l'établissement
Publié le 2 octobre 2024– Mis à jour le 4 octobre 2024
Entretien avec Annie Ernaux
Dix ans après avoir décerné un doctorat d’honneur à l’écrivaine cergyssoise Annie Ernaux, CY Cergy Paris Université fait une nouvelle fois honneur à celle qui est devenue prix Nobel de littérature en 2022 en donnant son nom à la maison de la recherche sciences humaines et sociales inaugurée le 26 septembre 2024.
Qu'est-ce que ce cela suscite chez vous de savoir que la nouvelle maison de la recherche sciences humaines et sociales de CY Cergy Paris Université choisisse de porter votre nom ?
Annie Ernaux : J’ai tout d’abord eu un moment de refus comme toutes les marques honorifiques d’une manière générale. Je ne souhaite pas être mise en avant mais en même temps, en y réfléchissant, s’il y a un honneur que je dois accepter, c’est bien celui-là. De même que j’avais accepté le doctorat d’honneur qui m’avait été donné par cette université il y a dix ans. Je me réjouis également d’une manière absolument objective de l'instauration d’une maison comme celle-ci qui consacre l’importance intellectuelle de Cergy.
Quelle est pour vous l'importance des sciences humaines et sociales ?
Annie Ernaux : Elle est immense parce que c’est une façon de lutter contre tout ce qui est globalement fake news, opinions reçues, discours politiques. C’est une exigence de compréhension et de vérité. Les sciences humaines et sociales ont été très importantes dans ma vie et dans ma découverte de ma place sociale il y a de cela plus de cinquante ans avec la découverte de la sociologie qu’on a appelée ensuite la sociologie de la domination à travers Pierre Bourdieu. J’ai toujours été sensible et intéressée par toute la recherche des sciences humaines qui apporte un éclaircissement pour des gens comme moi, qui ne sont pas des scientifiques mais des littéraires, qui permettent une interrogation que sans ces sciences, on n'aurait pas.
De nombreux lieux cergyssois vous ont inspirée dans l'écriture de vos livres. Pouvez-nous nous rappeler quels endroits vous ont le plus marquée, pour quelles raisons ?
Annie Ernaux : En cinquante ans, j’ai vu la croissance, l’expansion de la ville mais je suis restée évidemment attachée aux premiers lieux qui ont été ceux de mon arrivée dans les années 1970, notamment le quartier de la préfecture et le quartier des Touleuses où j’allais au marché sur la place ; les 3 Fontaines ; le parvis de la préfecture ; le jardin François-Mitterrand ; le quartier Saint-Christophe qui a été construit dans les années 1980 et l’Axe Majeur, cette ouverture immense sur un panorama jusqu’à Paris avec des constructions qui s’intègrent dans la nature. C’est unique au monde. C’est pour moi une des merveilles du Val-d’Oise et je crois aussi de France. Cergy, c’est une ville dans la nature qui s’est construite à l’intérieur de la nature. Il y avait d’abord des champs, c’est admirable d’un point de vue architectural ce qui y a été fait.
Quels sont vos souvenirs de l'université et de son influence sur la ville ?
Annie Ernaux : J’ai vu construire l’université et la maison des étudiants à partir des années 1990 et j’étais heureuse de savoir qu’une université des lettres était proche des lieux de fréquentation, de la population. C’était pour moi une satisfaction. Je me souviens quand j’ai commencé à voir aux 3 Fontaines des étudiants venir chercher à manger. A ce moment-là, je me suis fait la réflexion que c’était une autre dimension de la ville qui arrivait. Cergy devenait une ville universitaire. Cela donnait une autre atmosphère à la ville.
Vous avez eu l'occasion de partager votre expérience lors d'ateliers menés avec des étudiants de l'université. Pour quelles raisons ce genre d'expérience vous tient-il à cœur ?
Annie Ernaux : Ces rencontres sont importantes pour moi car je conçois ce que mon travail a d’ouverture sur la vie des gens, sur leur place dans la société, dans leurs difficultés et leurs espoirs d’incarner, par ma présence et ma parole, le contenu d’une œuvre qui par ailleurs a pu pour certains paraître en contradiction avec ce qu’ils avaient vécu, me paraissait le prolongement tout à fait normal de l’écriture.
Auriez-vous un message que vous souhaiteriez faire passer aux étudiants de CY Cergy Paris Université ?
Annie Ernaux : Mon message serait d’avoir confiance en soi et il y a une parole de ma mère qui m’est revenue en écrivant mon discours, qui a été pour beaucoup dans cette foi en l’enseignement, c’était aller de l’avant. Cette expression, je l’ai oubliée, je ne l’emploie pas mais c’est une très belle expression.
Annie Ernaux : J’ai tout d’abord eu un moment de refus comme toutes les marques honorifiques d’une manière générale. Je ne souhaite pas être mise en avant mais en même temps, en y réfléchissant, s’il y a un honneur que je dois accepter, c’est bien celui-là. De même que j’avais accepté le doctorat d’honneur qui m’avait été donné par cette université il y a dix ans. Je me réjouis également d’une manière absolument objective de l'instauration d’une maison comme celle-ci qui consacre l’importance intellectuelle de Cergy.
Quelle est pour vous l'importance des sciences humaines et sociales ?
Annie Ernaux : Elle est immense parce que c’est une façon de lutter contre tout ce qui est globalement fake news, opinions reçues, discours politiques. C’est une exigence de compréhension et de vérité. Les sciences humaines et sociales ont été très importantes dans ma vie et dans ma découverte de ma place sociale il y a de cela plus de cinquante ans avec la découverte de la sociologie qu’on a appelée ensuite la sociologie de la domination à travers Pierre Bourdieu. J’ai toujours été sensible et intéressée par toute la recherche des sciences humaines qui apporte un éclaircissement pour des gens comme moi, qui ne sont pas des scientifiques mais des littéraires, qui permettent une interrogation que sans ces sciences, on n'aurait pas.
De nombreux lieux cergyssois vous ont inspirée dans l'écriture de vos livres. Pouvez-nous nous rappeler quels endroits vous ont le plus marquée, pour quelles raisons ?
Annie Ernaux : En cinquante ans, j’ai vu la croissance, l’expansion de la ville mais je suis restée évidemment attachée aux premiers lieux qui ont été ceux de mon arrivée dans les années 1970, notamment le quartier de la préfecture et le quartier des Touleuses où j’allais au marché sur la place ; les 3 Fontaines ; le parvis de la préfecture ; le jardin François-Mitterrand ; le quartier Saint-Christophe qui a été construit dans les années 1980 et l’Axe Majeur, cette ouverture immense sur un panorama jusqu’à Paris avec des constructions qui s’intègrent dans la nature. C’est unique au monde. C’est pour moi une des merveilles du Val-d’Oise et je crois aussi de France. Cergy, c’est une ville dans la nature qui s’est construite à l’intérieur de la nature. Il y avait d’abord des champs, c’est admirable d’un point de vue architectural ce qui y a été fait.
Quels sont vos souvenirs de l'université et de son influence sur la ville ?
Annie Ernaux : J’ai vu construire l’université et la maison des étudiants à partir des années 1990 et j’étais heureuse de savoir qu’une université des lettres était proche des lieux de fréquentation, de la population. C’était pour moi une satisfaction. Je me souviens quand j’ai commencé à voir aux 3 Fontaines des étudiants venir chercher à manger. A ce moment-là, je me suis fait la réflexion que c’était une autre dimension de la ville qui arrivait. Cergy devenait une ville universitaire. Cela donnait une autre atmosphère à la ville.
Vous avez eu l'occasion de partager votre expérience lors d'ateliers menés avec des étudiants de l'université. Pour quelles raisons ce genre d'expérience vous tient-il à cœur ?
Annie Ernaux : Ces rencontres sont importantes pour moi car je conçois ce que mon travail a d’ouverture sur la vie des gens, sur leur place dans la société, dans leurs difficultés et leurs espoirs d’incarner, par ma présence et ma parole, le contenu d’une œuvre qui par ailleurs a pu pour certains paraître en contradiction avec ce qu’ils avaient vécu, me paraissait le prolongement tout à fait normal de l’écriture.
Auriez-vous un message que vous souhaiteriez faire passer aux étudiants de CY Cergy Paris Université ?
Annie Ernaux : Mon message serait d’avoir confiance en soi et il y a une parole de ma mère qui m’est revenue en écrivant mon discours, qui a été pour beaucoup dans cette foi en l’enseignement, c’était aller de l’avant. Cette expression, je l’ai oubliée, je ne l’emploie pas mais c’est une très belle expression.